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Projet fruitier
25 février 2015

Partie IV: Taille des arbres

Cet article traite plus des motivations et objectifs de la taille que des techniques à appliquer. C’est un condensé du cours suivi au Jardin botanique de Montréal et de lectures faites au fil du temps.

Pour ceux partisans de la philosophie qu’on ne devrait pas tailler, je ne vois pas comment ça pourrait fonctionner ici car on souhaite justement avoir un contrôle sur la dimension des arbres et ne pas se retrouver avec des montres. Je n’adhère toutefois pas non plus à l’autre extrême qui prône une taille à n’en plus finir. Je suis plus un adepte d’une taille minimaliste. De plus, si la variété à une tendance buissonnante avec plusieurs troncs, pourquoi devrait-on s’entêter à lui donner la forme d’un arbre.

Plus on veut contrôler, plus il faudra mettre d’effort et de temps; donc aussi bien travailler avec la vigueur naturelle de l’arbre et l’encadrer pour qu’il entre dans les limites permises par notre design. Ceci dit, il sera beaucoup plus facile de maintenir petit un arbre naturellement petit, qu’un arbre naturellement grand; donc aidez-vous avec les porte-greffes.

Pour réduire la taille nécessaire on peut s’aider en limitant les apports d’amendements riches en azote ainsi que l’arrosage. Ceci aura tendance à ralentir la croissance végétative (feuilles, branches); de plus lorsque l’afflux d’azote diminue ça favorise la production de bourgeons à fruits pour l’année suivante, donc on est doublement gagnant! La fertilisation devrait avoir lieu au printemps ou tard à l’automne, mais pas à l’été.

La taille est un processus évolutif qui change en fonction de l’âge de l’arbre. On dénombre donc trois types de taille : de formation, d’entretien et de rajeunissement.

La taille de formation sert à établir la structure principale de l’arbre et sa forme désirée. Elle sera particulièrement importante pendant les premières années de croissance (3 premières pour les arbres nains ou plus petit, et 5-6 premières pour les plus gros). Bien qu’on puisse (re)-structurer un arbre à n’importe quel âge, il est plus aisée de travailler avec de jeune branche encore souple qu’avec du vieux bois, et les blessures seront moins importante pour l’arbre. Le principe directeur pour la taille de formation est de s’assurer de la croissance du diamètre du tronc. Un tronc de gros calibre pourra supporter et alimenter de plus grosses branches charpentières, et un plus grand nombre.

En deuxième lieu on mettra l’emphase sur la croissance du diamètre des branches charpentières. Comme le nom l’indique les branches charpentières forment la charpente de l’arbre et créent des voûtes de production (des paliers, ou niveaux). Les voutes de production devraient être espacées d’environ 50cm et les charpentières les composants uniformément distribuées autour de l’arbre pour éviter les débalancements.

Pendant la taille de formation on devrait éviter autant que possible tout autre type de taille, car chaque coupe ralentit le développement de l’arbre. Certain recommande dès la première année de procéder à une taille d’été (taille en vert) des nouvelles branches de l’année (le bois « vert ») mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée car ceci  prive l’arbre d’importantes ressources provenant de la photosynthèse et ralenti son développement. De plus, le bourgeon terminal de chaque branche renferme une hormone qui stimule la croissance du diamètre de la branche et la mise à fruit des bourgeons au détriment de sa longueur; si on taille la branche on retarde sa mise à fruit et la branche deviendra plus longue par la suite comparativement à si elle n’avait pas été taillée. Petite exception pour les pêchers, nectariniers et abricotiers qui sont stimulés par le raccourcissement des rameaux et qui bénéficie d’une taille en vert dès le début (source).

Une autre raison pour tailler minimalement dans les premières années est qu’on accélère ainsi les premières mises à fruit. La photosynthèse permet à l’arbre d’élaborer des sucres complexes reconnus pour la stimulation et la formation de bourgeons à fruits. Lorsque l’arbre est jeune la production de sucres complexes n’est pas suffisante pour démarrer la mise à fruit en raison du faible nombre de feuille. Par conséquent plus on taille, plus on ralentit le moment où l’arbre aura suffisamment de feuille pour produire des fruits. Lorsque l’arbre est vieux il réagit bien à la taille car il y a amplement de feuille pour subvenir aux besoins en sucres élaborés.

Une fois la structure établie et l’arbre mature, on peut commencer la taille d’entretien. Celle-ci devrait être effectuée à chaque année car les bourgeons à fruit ont besoin d’une certaine vigueur pour se maintenir; sinon vous n’aurez que des feuilles! Une bonne taille d’entretien retire environ 10-20% de l’arbre. Une attention particulière doit être apportée à retirer la plupart des gourmands (branches très longues qui pointent droit vers le ciel) qui détournent à leur profit la sève de l’arbre. Si on souhaite conserver des gourmands on sélectionnera les moins vigoureux qui deviendront avec le temps de nouvelles branches fruitières.

La taille d’entretien sert aussi à contrôler la production fruitière chez les variétés qui ont tendance à produire en alternance (une année sur deux). Les pépins fécondés produisent une hormone (l’acide gibbérellique, qui inhibe la production de bourgeons à fruits. Certaines variétés d’arbre auront tendance à produire un très grand nombre de fruits dans la même saison, ce qui créera une trop grande quantité d’acide gibbérellique dans le système, réduisant ainsi le nombre de bourgeons floraux (à fruit) pour l’année suivante. Une taille d’entretien très sévère (20% des branches) aidera à rétablir cet équilibre car moins de fruits seront produis suite à la taille. Le phénomène d’alternance sera atténué par une production moins volumineuse la première année et une plus abondante la deuxième année.

Si le jardinier exécute une taille d’entretien annuelle, la taille de rajeunissement ne devrait pas être nécessaire; celle-ci le devient par contre pour un arbre laissé à l’abandon pendant plusieurs années. Il s’agit d’une taille très sévère où les grosses branches poussant à la verticale (45 degrés ou moins du tronc) seront retirées. Un arbre tolère qu’on lui ampute au plus 30% de ses branches pendant 3 années consécutives.

Peut importe le style de taille, celle-ci devrait être faite après les grands froids d’hivers, de la mi-février jusqu’à la fin avril au Québec. La taille d’été (en vert) ne devrait pas dépasser la mi-août pour permettre une bonne cicatrisation. Lorsque l’arbre est plus vieux et qu’il fructifie régulièrement, la taille d’été pourra aider à une meilleure circulation d’air (on pense ici à réduire l’humidité qui favorise les maladies fongiques), à contrôler la hauteur et à donne une meilleur coloration aux fruits, par contre elle ne devrait pas influencer le taux de sucre (rappelle que le sucre est produit par la photosynthèse!).

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